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A l'entraĂźnement, il refuse d'utiliser une arme Ă  feu, ce qui lui vaut d'ĂȘtre le souffre-douleur des autres appelĂ©s...Avec Andrew Garfield, Vince Vaughn, Sam Worthington, Teresa Palmer, Hugo Weaving, Luke Bracey, Rachel Griffiths, Nathaniel Buzolic, Milo Gibson, Matt Nable, Richard Roxburgh, Firass DiraniCritiques presseL’histoire vraie d'un jeune AmĂ©ricain adventiste sur le front, Ă  Okinawa, qui, bien que refusant de porter une arme, rĂ©ussit Ă  sauver plus de soixante hommes. Quelques maladresses, mais un Ă©tonnant souffle lyrique pour cet anti-American dans l’enfer de la guerre dans ce film nourri des thĂšmes de prĂ©dilection du rĂ©alisateur. Excessif, virtuose, violent, christique du pur Gibson ! Continuer la navigation pour parcourir la derniĂšre catĂ©gorieContinuer la navigation pour parcourir la derniĂšre catĂ©gorieContinuer la navigation pour parcourir la derniĂšre catĂ©gorieContinuer la navigation pour parcourir la derniĂšre catĂ©gorie News Bandes-annonces Casting Critiques spectateurs Critiques presse VOD Blu-Ray, DVD Photos Musique Secrets de tournage Box Office RĂ©compenses Films similaires Service proposĂ© par 1945, alors que la guerre dans le Pacifique fait rage et que les forces amĂ©ricaines mĂšnent l’une des batailles les plus acharnĂ©es du conflit sur l’üle d’Okinawa, un soldat s’est distinguĂ©. FidĂšle Ă  ses convictions et armĂ© de son seul courage, il a sauvĂ© la vie de dizaines de soldats blessĂ©s. Spectateurs 4,4 22171 notes dont 1041 critiques Pour visionner ce film, louez, achetez ou abonnez-vous Ă  une offre de l'un des services suivants Ă  la location Cinemasalademande Louer Ă  2,99 € - SD Louer Ă  3,99 € - HD Orange Louer Ă  2,99 € - SD Louer Ă  3,99 € - HD Ă  l'achat Orange Acheter Ă  11,99 € - SD Acheter Ă  11,99 € - HD RĂ©sumĂ©s La contraception Ă©tait gĂ©nĂ©ralement condamnĂ©e dans le judaĂŻsme comme dans le christianisme des premiers siĂšcles, avec plus ou moins de sĂ©vĂ©ritĂ© ou de tolĂ©rance, en tant qu’atteinte Ă  la Loi divine, qui fait un devoir Ă  l’homme de procrĂ©er. Mais il existe aussi une autre forme de condamnation des pratiques contraceptives, liĂ©e Ă  l’interdiction de verser le sang. Peu prĂ©sente dans le judaĂŻsme rabbinique, on la trouve exprimĂ©e diffĂ©remment chez les premiers PĂšres, selon qu’il s’agisse de condamner le retrait, l’usage de potions stĂ©rilisantes ou le recours Ă  des abortifs prĂ©coces - Ă©tant entendu que les Anciens distinguaient mal entre un abortif prĂ©coce et un contraceptif. Le terme d’homicide est employĂ© – trĂšs inĂ©galement - pour chacune de ces pratiques, sans qu’il soit vĂ©ritablement tenu compte des diffĂ©rentes doctrines de l’animation de l’ĂȘtre humain dĂšs l’expulsion de la semence dans le cas de l’onanisme, dĂšs la conception, au fur et Ă  mesure de la croissance de l’embryon ou mĂȘme seulement Ă  la naissance. Contraception used to be banished in the Jewish as well as in the Christian practice in the first centuries, with degrees of severity or tolerance that varied. It was condemned as a breach of Divine Law, which makes it a duty for humankind to procreate. But there is also another form of condemnation of contraceptive practices, linked with the bar on the pouring of blood. This form is only slightly present in rabbinic Judaism, and is expressed in a variety of ways by the first Fathers, depending on what is condemned withdrawal, using sterilizing potions or precocious abortive devices, even though in those days people found it difficult to make a difference between precociously abortive and contraceptive methods. The word homicide » is used - without any regu­larity - for each of those practices, without anyone really taking into account the various doctrines about the soul entering the human being as early as the semen was expulsed, as early as the embryo was conceived, or while the embryo grew or even only at the moment of de page EntrĂ©es d'index Haut de page Texte intĂ©gral 1 Gn 9, 5 Je demanderai compte du sang de chacun de vous. J’en demanderai compte Ă  tous les anima ... 2 Ex 20,13 tu ne tueras pas ». 3 À paraĂźtre dans la Revue d’Histoire et de Philosophie Religieuses de Strasbourg. Sur la question de ... 1Dans la tradition biblique, l’interdiction de verser le sang figure parmi les plus anciennes elle apparaĂźt dĂ©jĂ  dans la bĂ©nĂ©diction de NoĂ© aprĂšs le dĂ©luge1, et elle est renouvelĂ©e dans les commandements que YahvĂ© prescrit Ă  MoĂŻse au SinaĂŻ, sous la forme d’une interdiction du meurtre2. L’objet de la prĂ©sente enquĂȘte est d’étudier l’un des cas oĂč l’interdiction ne s’applique pas en toutes circonstances, parce que la victime n’est pas nĂ©cessairement perçue comme un ĂȘtre humain, formĂ© selon l’image et selon la ressemblance », et, en tant que tel, protĂ©gĂ© par la loi de Dieu. Elle s’étendra des textes bibliques aux Ă©crits patristiques, en explorant au passage quelques extraits du Talmud propres Ă  Ă©clairer par comparaison la position des PĂšres. La particularitĂ© de cette enquĂȘte sera de relier l’interprĂ©tation de l’interdiction de l’homicide de l’enfant dĂšs avant sa naissance aux doctrines philosophiques ou mĂ©dicales qui Ă©voquent l’animation de l’embryon - partant du principe que, lĂ  oĂč il n’y a pas d’ñme humaine, il n’y a pas non plus, en thĂ©orie, meurtre d’un ĂȘtre humain. Mais, pour d’évidentes raisons Ă©ditoriales, le prĂ©sent article ne traitera que de la contraception considĂ©rĂ©e comme un homicide », abandonnant les problĂšmes liĂ©s Ă  l’avortement Ă  une autre Ă©tude3. 4 Sur la doctrine d’Hippocrate, voir le traitĂ© hippocratique De generatione,5-6 ; sur celle de DĂ©mocr ... 5 Sur la question, voir nos quatre Ă©tudes La conception virginale chez les premiers PĂšres de l’Ég ... 6 Voir Soranos, Gynaecia, I, 43 La conception est une rĂ©tention prolongĂ©e de la semence, ou d’un ... 7 Voir Aristote, De generatone animalium, II, 4, 739 b ; Tertullien, De carne Christi, 19, 3-4 ; etc. 8 L’expression zĂŽopoion sperma apparaĂźt, entre autres, chez Cyrille d’Alexandrie, Fragmenta commentar ... 2On ne peut en effet Ă©tudier les diffĂ©rentes positions des Anciens sur la contraception et l’avortement sans prendre en compte leurs doctrines de la procrĂ©ation. Or, si les plus anciens Grecs, tels Hippocrate et certains des philosophes prĂ©socratiques - suivis, Ă  l’époque romaine, du mĂ©decin de Pergame, Galien - considĂ©raient que la vie naissait de l’union de deux semences, l’une masculine et l’autre fĂ©minine, et qu’ainsi, aucune des deux semences ne pouvait ĂȘtre considĂ©rĂ©e par elle-mĂȘme comme Ă©tant un ĂȘtre vivant, mĂȘme en puissance4, il semble que, aussi bien chez les Juifs hellĂ©nisĂ©s que chez les chrĂ©tiens, ce fut la doctrine aristotĂ©licienne qui ait eu la prĂ©fĂ©rence5. Selon Aristote, il n’existe de semence que masculine c’est le sperme ; la femelle ne possĂšde pas de semence productive, mais fournit seulement la matiĂšre du dĂ©veloppement du fƓtus, essentiellement par son sang ; ainsi, selon le schĂ©ma aristotĂ©licien, le mĂąle est censĂ© apporter la forme de l’individu Ă  naĂźtre par sa semence, tandis que la femme fournit Ă  la semence retenue en son sein grec sullĂšpsis, latin conceptio6 la matiĂšre destinĂ©e Ă  constituer les masses charnelles de l’embryon. L’image employĂ©e par Aristote pour expliquer le processus est celle de la pressure le sperme qui caille le fromage le sang menstruel de la femme la forme est bien Ă©videmment dans la pressure, tandis que le lait constitue la matiĂšre7. C’est cette semence masculine qui est porteuse de vie8, qui est, d’une certaine maniĂšre, vivante »... 1. La contraception masculine l’onanisme 3Il peut paraĂźtre Ă©trange Ă  nous autres Modernes de faire figurer l’onanisme parmi les cas frappĂ©s par l’interdiction de l’homicide. Or, nous verrons que certains Ă©crivains ecclĂ©siastiques soutenaient une forme d’animation empsuchia du sperme, ce qui peut ouvrir la voie Ă  la condamnation de l’onanisme comme sacrifice d’une Ăąme psuchĂš ou d’un ĂȘtre vivant zĂŽon animĂ© empsuchos. 9 Gn 1,18 crĂ©ation de l’homme ; renouvelĂ© en Gn 8,17 NoĂ© ; voire en Gn 17,6 Abraham. 4En fait, dans l’ancien judaĂŻsme, l’onanisme c’est-Ă -dire l’éjaculation hors du sein de la femme, lors d’une relation sexuelle n’est condamnĂ© que dans la mesure oĂč il va Ă  l’encontre de la Loi, qui enjoint Ă  l’homme de procrĂ©er9. Laisser perdre la semence, c’est sacrifier une possibilitĂ© de vie, comme le fait OnĂąn, dans le rĂ©cit de la GenĂšse 38,7-10 Er dĂ©plut Ă  YavhĂ©, qui le fit mourir. Alors [son pĂšre] Juda dit Ă  OnĂąn Va vers la femme de ton frĂšre, remplis avec elle ton devoir de beau-frĂšre et assure une postĂ©ritĂ© Ă  ton frĂšre. » Cependant OnĂąn savait que la postĂ©ritĂ© ne serait pas la sienne et, chaque fois qu’il s’unissait Ă  la femme de son frĂšre, il laissait perdre Ă  terre pour ne pas donner de postĂ©ritĂ© Ă  son frĂšre. Ce qu’il faisait dĂ©plut Ă  YavhĂ©, qui le fit mourir lui aussi. 5Le crime d’OnĂąn semble gravissime, puisque Dieu le punit de mort. Toutefois, selon le rĂ©cit de Gn 38, il n’y a faute et chĂątiment, semble-t-il, que parce qu’OnĂąn ne se soumet pas Ă  la rĂšgle du lĂ©virat, qui oblige un frĂšre Ă  s’unir Ă  la femme de son frĂšre mort sans enfant afin de lui assurer une postĂ©ritĂ© ce n’est donc sans doute pas le geste en soi qui est condamnĂ© et puni par Dieu, comme une faute contre une vie, actuelle ou potentielle, celle contenue dans le sperme, mais la transgression de la Loi divine qui impose Ă  chacun de s’assurer ou, dans ce cas prĂ©cis, d’assurer Ă  autrui une descendance. 10 Talmud de Babylone, Yemabot 63b, citĂ© par P. Brown, Le renoncement Ă  la chair virginitĂ©, cĂ©libat ... 11 Voir les textes citĂ©s ci-dessous, concernant la contraception fĂ©minine. 6De fait, dans l’ancien IsraĂ«l, cette obligation de donner la vie n’était pas considĂ©rĂ©e comme absolue. Certains d’entre les Sages assimilaient le refus de faire des enfants Ă  un homicide Quiconque n’accomplit pas son devoir de croĂźtre et de multiplier, c’est comme s’il versait le sang10 ». Mais la plupart d’entre eux bornaient l’obligation en bien des circonstances. Ainsi, le recours Ă  toute forme de contraception Ă©tait-il conseillĂ© quand il y avait menace sur l’identitĂ© mĂȘme du peuple juif, c’est-Ă -dire sur l’Alliance, ou quand la vie ou l’intĂ©rĂȘt vital d’un premier enfant Ă©tait menacĂ©11. Voici, Ă  titre d’exemple, comment Rabbi EliĂ©zer justifiait l’onanisme pour protĂ©ger la vie d’un premier enfant, contre l’avis de la majoritĂ© de ses contemporains, semble-t-il 12 tB Yemabot 34b, Ă©d. Epstein, p. 215 = Ă©d. Goldschmidt, p. 426 ; rĂ©fĂ©rence fournie par Congour ... Durant les trente-quatre premiers mois [de l’allaitement], on doit battre dedans et dehors [par allusion au coĂŻt interrompu] ; telles sont les paroles de R. EliĂ©zer. Les autres lui dirent Pareilles pratiques ne sont rien d’autres que les pratiques d’Er et d’Ônan...12 7Le sens de la halacha est clair le mal que reprĂ©sente le moyen, Ă  savoir aller contre la rĂšgle divine qui impose de procrĂ©er, est jugĂ© moindre que celui que reprĂ©sente la fin, Ă  savoir empĂȘcher une grossesse que le Sage juge non souhaitable, en l’occurrence celle d’une femme qui allaite dĂ©jĂ , et qui ne pourra pas donner son lait ou ses soins Ă  un autre enfant. 8En revanche, dans un contexte trĂšs diffĂ©rent, celui de la polĂ©mique contre le paganisme, Philon et Flavius JosĂšphe, opposant les mƓurs juives Ă  l’incontinence paĂŻenne, rappellent avec fermetĂ© l’obligation de procrĂ©er au nom de la loi naturelle 13 Philon, De specialibus legibus, 3, 36. - Tous ceux qui se font un art d’étouffer sbesin les semences au moment mĂȘme oĂč ils les rĂ©pandent sont des ennemis dĂ©clarĂ©s de la Nature13 ; 14 Flavius JosĂšphe, Contra Apionem, II, 234, 199. - La loi ne connaĂźt qu’une seule union, l’union naturelle avec la femme, et seulement si elle doit avoir pour but de procrĂ©er14. 9Philon trouvera en ClĂ©ment d’Alexandrie un disciple 15 ClĂ©ment, Paedagogus, II, 10, 95, 3 ; beau passage, qui unit la morale stoĂŻcienne Musonius Rufus, X ... S’unir sans chercher la procrĂ©ation, c’est outrager la nature [...]. Le mariage, c’est le dĂ©sir de procrĂ©ation, et non pas l’évacuation dĂ©sordonnĂ©e du sperme Ăš tou spermatos ataktos ekkrisis, Ă©vacuation qui est contraire aussi bien Ă  la Loi paranomos qu’à la nature15. 10Le vocabulaire employĂ© est celui de l’homicide sbennumi, Ă©touffer » - une des formes d’infanticide les plus rĂ©pandues ou de la violation de la loi paranomia, soulignant ainsi le caractĂšre criminel de cette pratique. 16 Voir IrĂ©nĂ©e, Adversus haereses, I, 24, Ă  propos de Saturnin et Basilide le mariage et l’enfante ... 11Assez diffĂ©rente est la position des Ă©vĂȘques chrĂ©tiens que sont Épiphane ou Augustin, qui condamnent l’onanisme en tant qu’il est une acceptation de la jouissance dans la relation sexuelle sans la contrepartie voulue par Dieu, qui est la procrĂ©ation. Ainsi, l’évĂȘque de Salamine condamne-t-il sĂ©vĂšrement ceux qu’il appelle les gnostiques » ou les borborites » pour copuler sans procrĂ©er » ; il dĂ©nonce dans la forme de contraception qu’ils pratiquent une recherche effrĂ©nĂ©e du plaisir, nĂ©gligeant le fait que leur renoncement Ă  la procrĂ©ation est une consĂ©quence de leur pessimisme ontologique, qui leur fait refuser d’enchaĂźner de nouvelles Ăąmes dans la gĂ©nĂ©ration humaine16 17 Épiphane, Panarion, 26, 5, 2. Mais mĂȘme s’ils pratiquent l’union sexuelle, ils n’en interdisent pas moins la procrĂ©ation. Leur recherche effrĂ©nĂ©e de la sĂ©duction a pour but le plaisir, et non la procrĂ©ation. [...] Ils parviennent au plaisir, mais recueillent en eux les semences de leur impuretĂ©...17. 18 Galien, Du usu partium, XIV, 9, Kuhn t. 4, p. 183 le sperme est fait de pneuma, en quelque sorte ... 12La pratique Ă  laquelle fait allusion la fin de cette derniĂšre phrase, la manducation du sperme, s’explique aussi, il est vrai, en grande partie par le dĂ©sir de ne pas laisser se perdre l’élĂ©ment pneumatique contenu dans le sperme qui, nous dit le mĂ©decin Galien, est un mĂ©lange de pneuma et d’eau18. L’idĂ©e est donc bien prĂ©sente que l’onanisme peut entraĂźner une dissipation de la substance spirituelle, celle que vĂ©hicule le sperme, un danger qu’a prĂ©cisĂ©ment pour but d’éviter la manducation du sperme qu’auraient pratiquĂ©e ces sectes gnostiques. On trouve la mĂȘme rĂ©probation de l’onanisme chez Augustin, Ă  propos, cette fois-ci, des manichĂ©ens 19 Augustin, Contra Faustum, 22, 30 ; parali. De moribus ecclesiae catholicae et moribus manichaeorum, ... La loi perverse des manichĂ©ens commande avant tout, Ă  ceux qui ont commerce ensemble, d’éviter d’avoir des enfants [...] et leur fait un devoir de rĂ©pandre plutĂŽt par terre leur Dieu [ la semence qui contient une parcelle du Dieu manichĂ©en] par une effusion honteuse, que de le charger d’un lien cruel19. 20 Formule de Bauerschmidt, art. »contraception », dans Fitzgerald dir., EncyclopĂ©die sain ... 13Plus gĂ©nĂ©ralement, Augustin, dans ses traitĂ©s sur le mariage, condamne les pratiques contraceptives comme une amputation du bien inhĂ©rent au mariage20 », mĂȘme s’il n’y voit, en l’absence de tout adultĂšre ou fornication et surtout de toute pratique abortive, qu’un pĂ©chĂ© vĂ©niel » 21 Augustin, De adulterinis conjugiis, II, 12. - C’est un acte illicite et honteux illiciter et turpiter que d’empĂȘcher la naissance des enfants dans ses relations mĂȘme avec son Ă©pouse lĂ©gitime. Cet acte, Dieu l’a puni de mort dans Ônan, fils de Juda21. 22 Augustin, De nuptiis et concupiscentia, I, 15, 17. Le recours aux amulettes est connu de Pline, Nat ... - Autre chose est de n’user du mariage que dans la seule vue d’avoir des enfants, ce qui est exempt de tout pĂ©chĂ©, autre chose est d’y chercher une voluptĂ© sensuelle, mais non avec une autre femme que la sienne, ce qui n’est qu’un pĂ©chĂ© vĂ©niel. [...] [Mais ceux qui] mettent obstacle Ă  la gĂ©nĂ©ration, soit par un vƓu impie [voto malo, peut-ĂȘtre le recours Ă  la priĂšre ou Ă  la magie, ou tout simplement le respect des pĂ©riodes jugĂ©es non fertiles, voire le coĂŻtus interruptus], soit par une pratique funeste [opere malo, sans doute les pratiques abortives ou infanticides], ne sont pas des Ă©poux, quoiqu’ils en aient le nom22. 23 Augustin, De bono conjugali, 13, 15 ; Ă  opposer Ă  5, 5, citĂ© infra rĂ©fĂ©rence n. 45. 14Ce pĂ©chĂ©, il l’a pourtant rencontrĂ© partout autour de lui, nous dit-il, sans excessive rĂ©probation Jamais, dans les conversations amicales, je n’ai entendu un homme mariĂ© ou qui l’a Ă©tĂ© dĂ©clarer qu’il ne s’est jamais uni avec sa femme que dans le but d’avoir des enfants23. » 24 Par ex. Contra Faustum, 22, 30, citĂ© supra rĂ©fĂ©rence n. 19. 25 Par ex. De moribus ecclesiae, II, 18, 65, citĂ© supra, n. 19. Voir Hippocrate, De mulierum affectibu ... 26 Par ex. De nuptiis et concupiscentia, I, 15, 17, citĂ© supra rĂ©fĂ©rence n. 22. Ces pharmaka sont me ... 15Les mĂ©thodes contraceptives en question semblent avoir Ă©tĂ© d’une part le retrait24, d’autre part la limitation des rapports aux pĂ©riodes jugĂ©es non fertiles25, et enfin l’usage de drogues stĂ©rilisantes ou abor-tives26. 27 Justin, 1 Apologia, 29, 1 Ou bien nos mariages n’avaient absolument pas d’autre fin que d’éleve ... 16On constate ainsi que les points de vue juif et chrĂ©tien sur le retrait le coĂŻtus interruptus diffĂšrent du tout au tout ; OnĂąn, dans la Bible, n’est pas condamnĂ© par Dieu pour avoir pris un plaisir interdit, mais parce qu’il ne se soumet pas Ă  la rĂšgle divine de procrĂ©ation ; il s’agit bien de crime, c’est-Ă -dire de manquement grave Ă  la loi paranomia, mais certes pas d’homicide. Une seule exception Ă  ce constat un passage du traitĂ© talmudique Yemabot, qui assimile l’onanisme au versement du sang ; encore ne s’agit-il que de mettre en parallĂšle deux formes diffĂ©rentes d’atteinte Ă  la vie. En revanche, chez Épiphane et chez Augustin, la condamnation porte au moins autant sur le bon usage du plaisir charnel que sur le respect dĂ» Ă  toute forme de vie ; la jouissance sexuelle doit avoir une contrepartie, qui est la procrĂ©ation, puisque aussi bien Dieu a Ă©tabli la sexualitĂ© dans le seul but d’assurer la pĂ©rennitĂ© des espĂšces animales sur la terre la procrĂ©ation Ă©tant la mesure » du dĂ©sir et du plaisir, ainsi que l’expriment les premiers PĂšres, suivis par la quasi totalitĂ© des moralistes du mariage, depuis Justin jusqu’à Augustin27. Le coĂŻtus interruptus est donc qualifiĂ© de crime illiciter correspond Ă  paranomĂŽs, contrairement Ă  la loi » contre Dieu et sa Loi, mais certes pas d’homicide homicidium, androphonia. 2. La castration volontaire 17La Bible condamnait violemment la castration ou la mutilation sexuelle, ainsi que l’exprime ce passage du DeutĂ©ronome L’homme aux testicules Ă©crasĂ©s, ou Ă  la verge coupĂ©e, ne sera pas admis Ă  l’assemblĂ©e de YahvĂ©. » Dt 23,2 18On retrouve cette interdiction, ou pour le moins une trĂšs forte rĂ©probation, chez les Sages d’IsraĂ«l, aussi bien pour les hommes que pour les femmes, ainsi que dans le judaĂŻsme hellĂ©nistique 28 tB Shabbat, Ă©d. Epstein, p. 538. - D’oĂč savons-nous que la castration d’un homme est interdite ? Du verset Vous ne ferez pas cela dans votre pays » le verset complet prĂ©cise Vous n’offrirez pas Ă  YahvĂ© un animal dont les testicules soient rentrĂ©s, Ă©crasĂ©s, arrachĂ©s ou coupĂ©s » Lv 22,1428. 29 tB Yemabot, 17a, Ă©d. Epstein, p. 92 = Ă©d. Goldschimdt, p. 366. - C’est une tradition que les femmes de cette gĂ©nĂ©ration soient stĂ©rilisĂ©es mot Ă  mot dĂ©chirĂ©es »29. 30 Philon, Hypothetica, 7, 7. - [La Loi ordonne] de ne pas mutiler les organes gĂ©nitaux des hommes, et de ne pas faire avorter [les femmes] par des stĂ©rilisants atoikiois et autres moyens contraceptifs30. 31 A. Rousselle, Porneia. De la maĂźtrise du corps Ă  la privation sensorielle IIe-IVe siĂšcles de l’ùr ... 19En revanche, nous savons que les Romains pratiquaient la castration par ligature, non pas pour mettre fin Ă  l’activitĂ© sexuelle, mais comme moyen de contraception. Les tĂ©moignages rassemblĂ©s par Aline Rousselle dans son ouvrage Porneia sont sur ce point irrĂ©cusables31 ; cette pratique permettait de se livrer au libertinage sans risque de grossesse. 32 Voir Digeste, 48, 8, 4, 2 et 3 Qu’on ne fasse pas d’eunuques » dĂ©crets d’Hadrien. 33 Mt 19,12 Il y a des eunuques qui sont nĂ©s ainsi du sein de leur mĂšre, il y a des eunuques qui l ... 34 Voir Justin, 1 Apologia, 29, 2-3 ; EusĂšbe, Historia ecclesiastica, 6, 8, 1-3. 35 EusĂšbe, Historia eclesiastica, 6, 8, 3. 20La castration, que rĂ©primait la Loi romaine32, fut aussi rĂ©prouvĂ©e par l’Église, mĂȘme s’il est avĂ©rĂ© que, dans les tout premiers siĂšcles du christianisme, des fidĂšles se sont eux-mĂȘmes castrĂ©s pour manifester la puretĂ© des mƓurs chrĂ©tiennes ou pour mettre en pratique une parole du Seigneur invitant Ă  la continence33 - parmi eux, un chrĂ©tien d’Alexandrie contemporain de Justin et le grand OrigĂšne34. Cependant, de telles pratiques Ă©taient vivement dĂ©couragĂ©es par la hiĂ©rarchie ecclĂ©siastique35. L’évĂȘque et mĂ©decin Basile d’Ancyre dĂ©conseillait mĂȘme aux vierges de frĂ©quenter les eunuques, censĂ©s ĂȘtre avides de dĂ©bauche 36 Basile d’Ancyre, De virginitate, frag. slavon citĂ© par Rousselle, Porneia, p. 159. De ceux en effet qui, aprĂšs avoir atteint la virilitĂ© et l’ñge oĂč le membre gĂ©nital est apte Ă  la copulation, se sont retranchĂ© seulement les testicules, on dit qu’ils brĂ»lent d’un dĂ©sir plus aigu et sans retenue pour l’union sexuelle, et que non seulement ils ont cette ardeur, mais qu’encore ils souillent sans risque, Ă  ce qu’ils pensent, les femmes qu’ils rencontrent36. 21Mais il n’est question ici que de stigmatiser la dĂ©bauche, et non de rĂ©prouver une forme de stĂ©rilisation masculine pareille pratique n’entrait certes pas dans les usages d’un pĂšre de famille dĂ©sireux de limiter le nombre des grossesses de son Ă©pouse ! 3. La contraception fĂ©minine abstinence pĂ©riodique, drogues contraceptives ou abortifs mensuels, stĂ©rilet 22Dans le judaĂŻsme, l’emploi de moyens contraceptifs fĂ©minins par exemple le pessaire, bouchon d’ouate ou masse de pierre ou de mĂ©tal n’est pas non plus condamnĂ© en soi ; on trouve mĂȘme des textes qui l’encouragent, dans les cas oĂč la grossesse ne serait pas souhaitable, par exemple chez une femme qui allaite ou qui est dĂ©jĂ  enceinte, ou encore chez une trĂšs jeune fille ou une captive 37 Yemabot 12b, Ă©d. Epstein, p. 62 = Ă©d. Goldschmidt, p. 351 autre rĂ©fĂ©rence fournie par Congou ... - Rabbi Bibbi rĂ©cita en prĂ©sence de Rabbi Nahman Il y a trois catĂ©gories de femmes qui peuvent utiliser un pessaire absorbant » dans leurs relations conjugales une mineure, une femme enceinte et une nourrice. La mineure, parce que sinon elle pourrait tomber enceinte et mourir. La femme enceinte, parce que sinon elle pourrait causer la dĂ©gĂ©nĂ©rescence de son fƓtus et en faire un sandal. La nourrice, parce qu’autrement elle pourrait sevrer son enfant prĂ©maturĂ©ment, et causer sa mort37. 38 tB Ketubot 37a, Ă©d. Steinsaltz, Ketoubot 2, Paris, 1995, p. 138 = Ă©d. Epstein, p. 202-203. - Raba a rĂ©pondu Rabbi YossĂ© pense quand une femme a des relations charnelles illicites, elle met, en guise de prĂ©servatif, de l’ouate dans le col de l’utĂ©rus, afin de ne pas ĂȘtre enceinte. Certes, concĂšde la Guemara, la prosĂ©lyte, du fait qu’elle pense se convertir, prend garde Ă  sa personne et a recours Ă  des moyens contraceptifs, la captive aussi Ă©vite de tomber enceinte, parce que, ne sachant pas oĂč on la conduit, elle espĂšre ĂȘtre rachetĂ©e par un juif et pouvoir se marier avant d’avoir charge d’ñme. L’esclave aussi prend ses prĂ©cautions, parce qu’elle a entendu de la bouche de son maĂźtre qu’il a l’intention de la libĂ©rer et elle tient Ă  ce que tous ses enfants soient reconnus comme juifs Ă  part entiĂšre38. 23On trouve lĂ  les principales restrictions apportĂ©es Ă  l’obligation de procrĂ©er, plusieurs fois reprises dans le Talmud le cas des femmes enceintes, pour ne pas mettre en danger leur vie ou celle de l’enfant qu’elles portent dĂ©jĂ , celui des toutes jeunes femmes, pour lesquelles une grossesse prĂ©maturĂ©e prĂ©senterait un risque trop important, celui des captives ou des esclaves, voire des prosĂ©lytes, dont l’enfant serait sans statut juridico-religieux au sein d’IsraĂ«l ; et peut-ĂȘtre mĂȘme celui des femmes adultĂšres, auxquelles semble ĂȘtre attribuĂ© le souci de ne pas souiller le sang de leur Ă©poux. 24Le fait qu’un mĂȘme traitĂ© tB Yemabot 12b et 34b Ă©voque dans les mĂȘmes termes la contraception masculine Ă  savoir le retrait et la contraception fĂ©minine Ă  savoir l’usage d’un stĂ©rilet montre suffisamment que les Sages n’établissaient aucune distinction entre l’une et l’autre, et portaient sur elles le mĂȘme jugement une condamnation de principe, pour le manquement Ă  l’obligation de procrĂ©er, mais une tolĂ©rance relative dans les faits. 25En revanche, dans la tradition patristique, il n’en va pas de mĂȘme. Si, comme dans la tradition rabbinique, l’acte sexuel est Ă©troitement associĂ© Ă  la procrĂ©ation, on ne trouve pas chez les PĂšres les mĂȘmes accommodements avec la Loi divine au nom d’autres rĂšgles religieuses, par exemple celles liĂ©es Ă  l’identitĂ© d’IsraĂ«l cas des captives ou des esclaves ou Ă  la protection de la personne humaine cas des grossesses prĂ©coces. Aussi le retrait ou l’usage de moyens contraceptifs sont-ils gĂ©nĂ©ralement condamnĂ©s. Parmi les premiĂšres formulations de l’interdiction de la contraception chimique ou mĂ©canique au sein et en dehors du mariage, signalons Minucius FĂ©lix, JĂ©rĂŽme, et peut-ĂȘtre aussi Jean Chrysostome, qui condamnent la contraception comme un homicide avant la lettre 39 Minucius FĂ©lix, Octavius, 30, 2. - [Il y a des femmes qui] Ă©touffent extinguant dans leurs entrailles mĂȘmes l’origine de l’ĂȘtre Ă  venir originem futuri et commettent le parricide parricidium faciant en absorbant des drogues avant [mĂȘme] d’enfanter antequam pariant39 ; 40 JĂ©rĂŽme, Epistulae, 22 Ad Eustochium, 13. - [Il y a des vierges] qui prennent Ă  l’avance une potion de stĂ©rilitĂ© sterilitatem praebibunt et commettent un homicide sur un ĂȘtre humain qui n’est pas encore semĂ© necdum sati hominis homicidium faciunt40 ; 41 Jean Chrysostome, Homilia 24 in Epistulam ad Romanos, 4, s’en prenant aux usages contraceptifs des ... - Pourquoi jeter votre grain en un champ oĂč il sera Ă©touffĂ©, [...] mille fois vouĂ© Ă  la stĂ©rilitĂ© ? Ignorez-vous que la mort prĂ©cĂšde en ces rĂ©gions la vie ? Vous obligez, en effet, la courtisane Ă  sortir de son rĂŽle de courtisane et Ă  devenir homicide androphonon [...], quelque chose mĂȘme de pire que le meurtre ordinaire, un je ne sais quoi d’innommable on tue ce qui n’est pas encore nĂ©, on l’empĂȘche de venir Ă  la LumiĂšre41. 42 Augustin, De moribus ecclesiae, II, 18, 65, citĂ© supra, n. 19. 43 Augustin, De nuptiis et concupiscentia, I, 15, 17, citĂ© supra rĂ©fĂ©rence n. 22. 26Signalons encore Augustin, qui condamne aussi bien l’abstinence pĂ©riodique42 que l’emploi de venena, drogues stĂ©rilisantes ou abor-tives43. Pour les relations en dehors du mariage, la condamnation de la contraception devait ĂȘtre moins sĂ©vĂšre, puisqu’une telle union n’avait pas pour but la procrĂ©ation c’est donc la concupiscence qui est blĂąmĂ©e au premier chef chez Augustin, mais non les pratiques contraceptives, pourvu qu’elles ne soient pas abortives ; ainsi, les regrets qu’il manifeste de s’ĂȘtre vainement uni Ă  sa concubine, la mĂšre d’AdĂ©odat 44 Augustin, Confessiones, II, 2, 2. Ô ma tardive joie ! Vous vous taisiez alors, et moi je continuais Ă  m’éloigner de vous, jetant de plus en plus de ces stĂ©riles semences sterilia semina, par allusion au coĂŻtus interruptus d’oĂč il ne naĂźt que des 27Cependant, Augustin ne refuse pas de qualifier de mariage » une union volontairement vouĂ©e Ă  la stĂ©rilitĂ© 45 Augustin, De bono conjugali, 5, 5 ; Ă  opposer Ă  13, 15. Voici un homme et une femme [...] ; ils ont des rapports charnels, non en vue de procrĂ©er des enfants, mais seulement pour [satisfaire] leur concupiscence ; ils ont pris toutefois l’engagement rĂ©ciproque de n’avoir pas de relations, lui avec une autre femme, elle avec un autre homme ; peut-on appeler mariage leur union ? Oui certes, Ă  la rigueur, et sans absurditĂ©45. 28Il y a loin de cette tolĂ©rance Ă  la sĂ©vĂ©ritĂ© de CĂ©saire d’Arles, qui n’hĂ©site pas Ă  qualifier d’homicide toute pratique contraceptive, mĂȘme, semble-t-il, la continence au sein du mariage, puisque le simple fait de ne pas ĂȘtre enceinte, pour une femme mariĂ©e qui a des relations sexuelles avec son Ă©poux, doit est considĂ©rĂ© comme une entrave Ă  l’Ɠuvre de la nature et comme un homicide 46 CĂ©saire d’Arles, Sermones, 1, 12, CC 103, 9, citĂ© par Noonan, Contraception et mariage. Quel est celui qui ne peut dire dans son prĂȘche qu’une femme ne doit pas prendre de potion qui la rende incapable de concevoir, et condamner elle-mĂȘme la nature que Dieu a voulue fĂ©conde ? Autant de fois qu’elle ne peut concevoir ou mettre au monde, autant d’homicides qui lui seront imputĂ©s46. 47 Voir Soranos, Gynaecia, I, 20, 63 Certains conseillent aussi de boire une fois par mois la gros ... 29Remarquons que, dans les passages qui viennent d’ĂȘtre citĂ©s, il est question d’user de drogues stĂ©rilisantes, employĂ©es avant mĂȘme que la femme ne tombe enceinte, voire avant tout rapport sexuel avant l’ensemencement », et sans doute mensuellement ; il s’agit vraisemblablement de drogues qui empĂȘchent toute conception par le retour pĂ©riodique des rĂšgles, peut-ĂȘtre en empĂȘchant ce que les Modernes appellent la nidation47. Un Moderne estimerait que de telles drogues sont Ă  mi-chemin de la contraception et de l’avortement. Les Anciens, qui appelaient conception » l’implantation du sperme masculin dans la matrice et sa rĂ©tention durant une pĂ©riode d’au moins une semaine, et non la fĂ©condation de la semence fĂ©minine l’ovule par la semence masculine les spermatozoĂŻdes, ne distinguaient pas dans les faits entre une contraception du lendemain » et un avortement trĂšs prĂ©coce. En consĂ©quence, l’usage de drogues assurant le retour des rĂšgles Ă©tait nĂ©cessairement compris comme une forme d’avortement et encourait lĂ©gitimement la mĂȘme condamnation pour homicide » d’un ĂȘtre Ă  venir. 4. Une possible justification scientifique l’animation dĂšs avant la naissance 48 Sur la morale sexuelle des premiers chrĂ©tiens, on consultera Rousselle, Porneia ; Brown, Le renon ... 30Pourquoi le christianisme a-t-il ainsi rompu avec la tradition relativement tolĂ©rante du judaĂŻsme pour interdire avec vigueur les premiĂšres mĂ©thodes contraceptives, qu’il s’agisse du retrait, de l’usage de stĂ©rilets, de l’emploi de stĂ©rilisants ou d’abortifs mensuels ?48 31La raison en est double. D’abord, les PĂšres ont obĂ©i Ă  des considĂ©rations d’ordre moral dans les premiĂšres polĂ©miques contre le paganisme et la sociĂ©tĂ© paĂŻenne, les chrĂ©tiens se sont plu Ă  placer en contraste les mƓurs chrĂ©tiennes et celles des paĂŻens. Ils ont donc opposĂ© la chastetĂ© des chrĂ©tiens non pas la continence absolue, rĂ©servĂ©e aux parfaits, mais la maĂźtrise des relations sexuelles Ă  la licence, voire la dĂ©pravation paĂŻenne, et pour ce faire Ă©dictĂ© des rĂšgles de comportement sexuel assez strictes, que peut rĂ©sumer ce passage de Tertullien 49 Tertullien, De anima, 27, 4. L’acte d’amour a Ă©tĂ© souillĂ© par la concupiscence, non par sa propre condition. C’est l’excĂšs, et non la nature, qui en est impudique, puisque aussi bien l’acte dans sa nature est bĂ©ni aux yeux de Dieu Soyez fĂ©conds, multipliez » Gn 1, 28. C’est l’excĂšs qui est maudit les adultĂšres, la fornication et la prostitution adulteria et stupra et lupa-naria49. 50 Sur la question, voir Brown, Le renoncement Ă  la chair..., passim. 32Les chrĂ©tiens imposaient donc la continence en dehors du mariage en condamnant l’adultĂšre et la prostitution, ou en prĂŽnant le respect des sƓurs » dans la foi, et ils prĂ©conisaient la chastetĂ© au sein du mariage, en limitant les relations sexuelles Ă  la nĂ©cessitĂ© de procrĂ©er. De telles rĂšgles correspondent assez bien aux tendances ascĂ©tiques qui se dĂ©veloppent dans le christianisme de l’époque des persĂ©cutions50. 51 Sur la question de l’animation de l’embryon, on consultera le dossier de textes rĂ©unis par Co ... 33La seconde raison est la rĂ©flexion anthropologique qui se dĂ©veloppe au fur et Ă  mesure que le christianisme gagne les Ă©lites intellectuelles. Pratiquer toute forme de contraception, c’est non seulement empĂȘcher un ĂȘtre de venir au monde, mais c’est aussi dĂ©truire ou supprimer une semence porteuse de vie, donc animĂ©e. Mais sans doute importait-il de dĂ©terminer quand on pouvait parler de quelque chose d’animĂ© empsuchon ti, d’un ĂȘtre humain en devenir. Car, pour qu’il y eĂ»t un ĂȘtre humain, encore fallait-il qu’il y eĂ»t une Ăąme humaine. D’oĂč la participation chrĂ©tienne au dĂ©bat philosophique sur le moment de l’animation51. 52 F. Dölger, Das Lebensrecht des ungeborenen Kindes und die Fruchtabstreibung in der Bewertung der ... 53 Par exemple dans la croyance aux anges chargĂ©s de la conception ; voir Midrash ha-Gadol du Pentateu ... 34Le cas le plus extrĂȘme est celui du presbytre dont ClĂ©ment d’Alexandrie rapporte l’enseignement. TrĂšs platonisant » selon DĂŽlger52, mĂȘme s’il tĂ©moigne de toute Ă©vidence d’influences juives53, il professe la prĂ©existence des Ăąmes, et, en consĂ©quence, l’animation dĂšs la conception 54 ClĂ©ment d’Alexandrie, Eclogae propheticae, 50. Un presbytre disait que ce qui se trouve dans le sein to kata gastros est un ĂȘtre vivant ; en effet, l’ñme, pĂ©nĂ©trant dans la matrice prĂ©parĂ©e Ă  la conception Ă  la suite des rĂšgles et introduite par l’un des anges prĂ©posĂ©s Ă  la naissance, qui connaĂźt par avance le moment de la conception, pousse la femme Ă  l’accouplement ; et, une fois le sperme Ă©jaculĂ©, elle s’assimile l’esprit prĂ©sent dans le sperme et ainsi contribue Ă  la formation. Il en appelle au tĂ©moignage de tous. Et lorsque les anges apportent la bonne parole aux [femmes] stĂ©riles [ Sarah, la femme de Manoah], ils introduisent pour ainsi dire les Ăąmes avant la conception ; dans l’évangile aussi le nourrisson a tressailli Lc 1,41, parce qu’il Ă©tait animĂ©. Et les [femmes] stĂ©riles sont stĂ©riles pour cette raison, que l’ñme qui recueille l’éjaculation du sperme n’a pas Ă©tĂ© introduite pour provoquer la conception et la gĂ©nĂ©ration54. 35Ainsi, l’ñme prĂ©existe mĂȘme Ă  l’union sexuelle, et, quand celle-ci a lieu et que le sperme de l’homme est Ă©jaculĂ© dans le sein de la femme, cette Ăąme prĂ©existante façonne » plattĂŽ, hĂš plasis l’esprit pneuma prĂ©sent dans le sperme Ă©jaculĂ©. Le produit de l’accouplement est donc animĂ© empsuchos dĂšs la conception, tandis que l’ñme qui l’habite existe antĂ©rieurement mĂȘme Ă  la conception. Dans une pareille logique, il est Ă©vident que l’avortement, Ă  quelque stade de la croissance qu’il se produise, est un homicide, et que mĂȘme les pratiques contraceptives peuvent ĂȘtre comprises comme une atteinte Ă  la vie, l’ñme Ă©tant empĂȘchĂ©e de rejoindre le corps qui lui est rĂ©servĂ© ! 55 Tertullien, De anima, 25, 9 Platon montre en effet que l’ñme dĂ©rive de la semence... » sans do ... 56 Tertullien, De anima, 27, 9. 36On trouve chez Tertullien une conception un peu diffĂ©rente, puisque, si, chez lui, il y a bien une forme de prĂ©existence de l’ñme de l’enfant, c’est en germe, dans le sperme du pĂšre. En effet, selon l’Africain, l’ñme est vĂ©hiculĂ©e par le sperme masculin, et cela depuis le premier homme jusqu’à chacun des hommes nĂ©s ou Ă  naĂźtre. Le sperme masculin est donc porteur de l’ñme autant qu’il l’est du corps55 ; ainsi se justifie selon lui la transmission du pĂ©chĂ© originel, qui est vĂ©hiculĂ© du premier homme, Adam, jusqu’en chacun de nous, par l’intermĂ©diaire du sperme masculin ; c’est ce qu’on appelle gĂ©nĂ©ralement le traducianisme C’est d’un seul ĂȘtre humain [ Adam] que provient cette abondance d’ñmes...56 ». 57 Tertullien, Apologeticum, 9. 8. 58 Tertullien, De anima, 37, 2. 37Selon la mĂȘme logique, de mĂȘme que l’ñme est dĂ©jĂ  dans le sperme, de mĂȘme l’homme est dĂ©jĂ  en devenir dans le germe - qui n’est autre, rappelons-le, que le sperme dĂ©posĂ© dans la matrice, selon la tradition aristotĂ©licienne C’est un homme aussi ce qui doit devenir un homme homo est et qui est futurus ; de mĂȘme, tout fruit est dĂ©jĂ  dans le germe57. » Cette belle formule, empruntĂ©e Ă  l’Apologeticum, paraĂźt pourtant difficilement conciliable avec ce que soutient par ailleurs le Carthaginois dans le De anima, en en appelant Ă  l’autoritĂ© de MoĂŻse Il est donc bien Ă©tabli que le fƓtus dans l’utĂ©rus est un ĂȘtre humain homo Ă  partir du moment oĂč il est complĂštement constituĂ© [a quo forma est completa, par rĂ©fĂ©rence Ă  Ex 21,22-23]58 ». C’est que, dans un cas, il s’agit d’opposer la puretĂ© des mƓurs chrĂ©tiennes Ă  la cruautĂ© des paĂŻens, qui recourent Ă  l’avortement et Ă  l’exposition des enfants nouveau-nĂ©s pour rĂ©guler les naissances, et, en consĂ©quence, de montrer que l’enfant Ă  naĂźtre doit ĂȘtre respectĂ© Ă  quelque stade de son dĂ©veloppement que ce soit, et, dans l’autre, de montrer que, si l’ñme est prĂ©sente dans le composĂ© humain dĂšs la conception et qu’elle coexiste avec le corps dĂšs l’origine, elle ne se manifeste du moins que trĂšs progressivement, n’acquĂ©rant le statut d’ñme proprement humaine qu’avec le temps. 38Chez GrĂ©goire de Nysse, le sperme est dĂ©fini non pas comme porteur d’ñme » ainsi qu’il l’est chez Tertullien, c’est-Ă -dire comme le vĂ©hicule du vivant, mais comme Ă©tant lui-mĂȘme vivant » et animĂ© ». Le Cappadocien semble avoir Ă©tĂ© le premier Ă  s’ĂȘtre posĂ© en des termes quasi scientifiques la question de l’animation du sperme 59 GrĂ©goire de Nysse, De opificio hominis, 29, 3, PG 44, 236 B. - La semence humaine hĂš anthrĂŽpinĂš spora doit ĂȘtre conçue comme possĂ©dant dĂšs les origines du composĂ© humain la puissance naturelle qui est dissĂ©minĂ©e en elle [...]. Il n’est pas possible de distinguer, avant leur formation, les articulations des membres dans ce qui, dĂ©posĂ© [dans le sein], provoque la conception d’un corps humain en tĂŽipros tĂšn sul-lĂšpsin tou sĂŽmatos entithemenĂŽi59. 60 Ibid., 29, 3, PG 44, 236 D. - Ce n’est pas d’un [corps] mort que peut venir la puissance nĂ©cessaire Ă  la conception, mais de quelque chose d’animĂ© et de vivant ex empsuchou kai zĂŽntos ; aussi affirmons-nous qu’il est de bonne logique de penser que ce qui tient son origine de quelque chose de vivant apo zĂŽntos pour produire la vie ne peut ĂȘtre mort et inanimĂ© nekron kai apsuchon60. 61 Ibid., 29, 3, PG 44, 237 A. - Cette partie [ le sperme] qui est le principe du vivant en forma­tion archĂš tou kataskeuazomenou ginetai zĂŽou vit zĂšn61. 62 GrĂ©goire de Nysse, De opificio hominis, 29, 3 La semence humaine doit ĂȘtre conçue comme possĂ©da ... 39Le point de dĂ©part de GrĂ©goire est simple c’est le constat que le sperme est porteur de vie, donc vivant car on ne peut donner que ce qu’on a. Or, s’il est vivant » zĂŽn, il est nĂ©cessairement animĂ© empsuchon. Donc, le sperme possĂšde ou recĂšle en lui une Ăąme ». Mais il est difficile de savoir ce que GrĂ©goire entend exactement par Ăąme ». Il ne s’agit sans doute pas du principe spirituel, comme chez Tertullien, pour qui le sperme est le vĂ©hicule du pĂ©chĂ©, c’est-Ă -dire d’un vice qui ne tient pas au corps, mais Ă  l’esprit. Sans doute s’agit-il plutĂŽt de ce que nous appellerions l’ñme vĂ©gĂ©tative, celle propre Ă  tous les ĂȘtres vivants, quels qu’ils soient, animaux et vĂ©gĂ©taux compris. GrĂ©goire, en effet, admet comme Aristote une animation progressive de l’embryon, l’ñme vĂ©gĂ©tative ou nutritive se dĂ©veloppant la premiĂšre et se voyant complĂ©ter au fur et Ă  mesure de la croissance de l’embryon par l’ñme sensitive et l’ñme rationnelle62. 40Toutefois, GrĂ©goire ne s’appuie pas sur ce constat, d’ordre scientifique », pour condamner la contraception masculine, c’est-Ă -dire le retrait, qui Ă©touffe la croissance d’un germe contenant dĂ©jĂ  en lui Ăąme et vie, et renfermant en puissance diverses complĂ©tudes de formes et de facultĂ©s, comme le soulignait dĂ©jĂ  l’apologiste AthĂ©nagore 63 AthĂ©nagore, De resurrectione, 17, 2. Qui pourrait croire sans en avoir Ă©tĂ© instruit par l’expĂ©rience que dans une semence homogĂšne et informe se trouve [le principe] de facultĂ©s si nombreuses et si importantes ou d’une telle variĂ©tĂ© d’organes destinĂ©s Ă  s’assembler et Ă  se souder les uns aux autres ? [...] Car ce n’est pas dans les semences encore humides que l’on peut rien en voir...63 41En clair, le Cappadocien ne peut pas assimiler l’onanisme Ă  un homicide en tant que suppression d’un corps dotĂ© de vie et d’ñme, parce que le sperme, s’il est dit animĂ© », n’a cependant pas Ă  ses yeux d’ñme proprement humaine - pas plus qu’avant lui Tertullien ne concevait la perte du sperme porteur d’ñme » comme un homicide, au mĂȘme titre que l’avortement. 42Au terme de notre dĂ©marche, il apparaĂźt que le refus des pratiques contraceptives, dans la tradition rabbinique, n’est que trĂšs exceptionnellement mis en rapport avec l’interdiction de verser le sang telle qu’elle est formulĂ©e dans la Bible je n’en ai relevĂ© qu’une seule attestation, au sein du traitĂ© talmudique Yemabot 63b. En revanche, l’onanisme est gĂ©nĂ©ralement condamnĂ©, aussi bien dans la tradition rabbinique Yemabot, 34b que dans le judaĂŻsme hellĂ©nistique Philon, Flavius JosĂšphe, comme une atteinte Ă  la Loi de Dieu ou celle de la nature, qui fait de la procrĂ©ation un devoir, mais non comme un homicide ; les tolĂ©rances concernent des cas bien prĂ©cis, plusieurs fois Ă©numĂ©rĂ©s dans les traitĂ©s talmudiques Ketubot, 37a ; Nidda, 45a. 43Plus soucieux de rĂ©gler les rapports sexuels que leurs devanciers juifs, les PĂšres ont inflĂ©chi les rĂšgles de la Bible et des Sages d’IsraĂ«l dans le sens d’une plus grande sĂ©vĂ©ritĂ©. Ils lient indissolublement le mariage et les relations sexuelles, faisant de la procrĂ©ation la mesure du dĂ©sir Justin, AthĂ©nagore, Augustin... ; bien plus, certains d’entre eux tendent Ă  identifier les relations en dehors du mariage Ă  la prosti­tution porneia et Ă  l’adultĂšre moicheia, par exemple le rĂ©dacteur des Constitutions apostoliques 6, 28, 2. La consĂ©quence en est que l’onanisme comme moyen contraceptif, en dehors ou au sein du mariage, est sĂ©vĂšrement condamnĂ© ; pratique honteuse turpe, chez Augustin, souvent associĂ©e Ă  l’hĂ©rĂ©sie Épiphane, Augustin, il est jugĂ© contraire Ă  la Loi de Dieu et un dĂ©tournement de la finalitĂ© mĂȘme du mariage. 44En thĂ©orie, chaque rapport sexuel doit avoir pour but l’enfantement ClĂ©ment, CĂ©saire. Cette position de principe n’empĂȘche pas les PĂšres de manifester quelque indulgence envers les Ă©poux qui souhaitent limiter les naissances Augustin, De bono conjugali 3, 15, ou mĂȘme ne pas avoir de progĂ©niture du tout - tel Augustin, ui refuse de priver du nom sacrĂ© de mariage une union fondĂ©e sur l’attirance et le dĂ©sir sexuels ibid. 5, 5. À ma connaissance, aucun des PĂšres, pas mĂȘme Tertullien, ne tire argument de la doctrine de l’animation du sperme pour condamner l’onanisme comme un homicide. Le mot français crime », employĂ© ci ou lĂ  par certains des traducteurs modernes de textes patristiques, ne doit pas faire illusion ; quand Augustin rĂ©prouve le coĂŻtus interruptus et qualifie cette pratique d’illicitum et turpe, il considĂšre qu’elle est immorale et contraire Ă  la Loi de Dieu, mais il ne fait pas pour autant d’elle un homicide », un meurtre, mĂȘme prĂ©coce. 45Quant Ă  la contraception chimique ou mĂ©canique, elle est mal distinguĂ©e de l’avortement, ce qui explique sans doute qu’elle ne rencontre aucune indulgence chez les PĂšres. Nombreux sont ceux d’entre eux qui assimilent les stĂ©rilisants Ă  des poisons mortifĂšres et font de leurs utilisatrices des meurtriĂšres - avant mĂȘme que l’enfant ne soit conçu avant son origine », Ă©crit Minucius FĂ©lix, c’est-Ă -dire jusqu’à sept jours aprĂšs le rapport sexuel, selon la physiologie de l’époque, voire avant mĂȘme qu’il ne soit semĂ© », c’est-Ă -dire avant tout rapport sexuel JĂ©rĂŽme. La contraception que nous qualifierions aujourd’hui par l’épithĂšte du lendemain », c’est-Ă -dire l’usage de drogues stĂ©rilisantes ou abortives peu aprĂšs le rapport sexuel, est donc toujours considĂ©rĂ©e comme un homicide, au mĂȘme titre qu’un avortement Peu importe, Ă©crit Tertullien Apologia 9, 8, qu’on arrache l’ñme dĂ©jĂ  nĂ©e ou qu’on la dĂ©truise au moment oĂč elle naĂźt », suivi en cela par Basile Epistulae 188, 2. Cette position contredit les donnĂ©es de la science mĂ©dicale de l’époque, majoritairement d’inspiration aristotĂ©licienne, qui distinguent plusieurs stades dans l’animation de l’embryon, ce qui exclut qu’un avortement trĂšs prĂ©coce et a fortiori l’emploi d’un contraceptif ou d’un stĂ©rilisant puisse ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un homicide sur le plan strictement physiologique. Ainsi, le parricide » ce mot peut aussi dĂ©signer l’infanticide d’une mĂšre sur son propre enfant auquel fait allusion Minucius FĂ©lix semble bien renvoyer Ă  l’usage de drogues contraceptives c’est le propre des auteurs chrĂ©tiens de culpabiliser Ă  ce point la contraception chimique » en l’assimilant Ă  un meurtre ; la faiblesse des connaissances mĂ©dicales de l’époque et l’impossibilitĂ© qu’avaient les Anciens de faire le dĂ©part entre l’avortement prĂ©coce et la contraception peuvent en tout cas justifier au moins sur le plan thĂ©orique une pareille sĂ©vĂ©ritĂ©. 46On voit donc combien, en matiĂšre de contraception, le magistĂšre se distingue de la rĂ©ception des doctrines physiologiques et anthropologiques, fort variĂ©es il est vrai, et sur lesquelles l’unanimitĂ© ne rĂ©gnait pas au sein mĂȘme de la grande Église, comme le remarquait dĂ©jĂ  OrigĂšne. NĂ©anmoins, un point semble faire l’unanimitĂ© quand la main de l’homme intervient pour empĂȘcher une gĂ©nĂ©ration qui s’annonce, il est gĂ©nĂ©ralement considĂ©rĂ© qu’il y a homicide androphonia, homicidium, mĂȘme lorsque le fƓtus n’est pas assez dĂ©veloppĂ© pour qu’on puisse le dĂ©signer comme un ĂȘtre humain anthrĂŽpos, homo. Certains des PĂšres vont ainsi jusqu’à condamner l’usage de stĂ©rilisants au mĂȘme titre que celui des abortifs, d’une part au nom du res­pect de la loi divine de procrĂ©ation, d’autre part comme une atteinte Ă  la vie humaine, un homicide ». Quant Ă  l’onanisme, il est rejetĂ© non pas au nom d’une doctrine mĂ©dicale qui considĂ©rerait le sperme comme animĂ© » et possĂ©dant en puissance, par lui-mĂȘme, toutes les potentialitĂ©s d’un ĂȘtre humain, mais parce qu’il est contraire Ă  la loi du mariage, qui voue le couple Ă  la procrĂ©ation. 47La morale chrĂ©tienne de la contraception est donc tout entiĂšre dĂ©pendante de l’idĂ©e que se sont faite les PĂšres du couple et du mariage, et s’ils pensent que la contraception est une atteinte Ă  la vie, ce n’est pas en tant qu’elle est homicide, mais en tant qu’elle contrevient Ă  la loi de Dieu, qui a créé l’homme et la femme comme deux ĂȘtres complĂ©mentaires unis par l’amour et le dĂ©sir uniquement pour assurer la propagation de l’espĂšce AthĂ©nagore. Mais comment concilier ce bon usage de la sexualitĂ© au sein du couple avec les nĂ©cessitĂ©s impĂ©rieuses du dĂ©sir humain ? Augustin constate, d’aprĂšs sa propre expĂ©rience et celle des autres hommes qui se sont ouverts Ă  lui, que c’est humainement impossible ; on comprend dĂšs lors son indulgence, ou son pragmatisme, qui lui fait non seulement admettre que les couples lĂ©gitimes peuvent ne pas vouloir multiplier le nombre de leurs enfants, mais encore accorder le nom sacrĂ© de mariage Ă  une union fondĂ©e uniquement sur l’amour et le dĂ©sir rĂ©ciproques. De ce point de vue, la pensĂ©e de l’Africain est bien proche de celle des Modernes ! Haut de page Notes 1 Gn 9, 5 Je demanderai compte du sang de chacun de vous. J’en demanderai compte Ă  tous les animaux et Ă  l’homme, aux hommes entre eux, je demanderai compte de l’ñme de l’homme. » 2 Ex 20,13 tu ne tueras pas ». 3 À paraĂźtre dans la Revue d’Histoire et de Philosophie Religieuses de Strasbourg. Sur la question de la contraception dans l’Église ancienne, on consultera Dubarle, La Bible et les PĂšres ont-ils parlĂ© de la contraception ? », La vie spirituelle, suppl. 15, p. 573-610 ; Contraception et mariage. Évolution ou contradiction dans la pensĂ©e chrĂ©tienne ? trad. fr., Paris, 1969. Voir aussi K. Hopkins, Contraception in the Roman Empire », Comparative Studies in Society and History, 8 1965, p. 124-151 ; Fontanille, Avortement et contraception dans la mĂ©decine grĂ©co-romaine, Paris, 1977. Sur la morale des PĂšres dont nous citons les textes, voir BroudĂ©houx, Mariage et famille chez ClĂ©ment d’Alexandrie, Paris, 1970 ; K. De Brabander, Le retour au paradis. Une Ă©tude sur la relation entre la sanctification de l’homme et l’ascĂšse sexuelle chez Tertullien, Rome, 2004 ; C. Rambaux, Tertullien face aux morales des trois premiers siĂšcles, Paris, 1979 ; L. Dat-trino, Il matrimonio secondo Agostino contratto, sacramento e casi umani, Milan, 1995 ; E. Schmidt, Le Mariage chrĂ©tien dans l’Ɠuvre de saint Augustin. Une thĂ©ologie baptismale de la vie conjugale, Paris, 1983 ; Th. Deman, Le traitement scientifique de la morale chrĂ©tienne selon Saint Augustin, MontrĂ©al-Paris, 1957. 4 Sur la doctrine d’Hippocrate, voir le traitĂ© hippocratique De generatione,5-6 ; sur celle de DĂ©mocrite, voir TĂ©moignages, 143 = Aristote, De generatione animalium, 4, 1, 764 a - Ă  propos de la prĂ©dominance de la semence du pĂšre ou de la mĂšre. 5 Sur la question, voir nos quatre Ă©tudes La conception virginale chez les premiers PĂšres de l’Église. RĂ©flexions sur les rapports entre thĂ©ologie et physiologie », Regards sur le monde antique. Hommage Ă  Guy Sabbah, Lyon, 2002, p. 229-255 ; La gĂ©nĂ©ration du monde dans le mythe valentinien et la doctrine aristotĂ©licienne », Colloque L’évangile selon Thomas, QuĂ©bec, mai-juin 2003 Ă  paraĂźtre ; La notice d’Hippolyte sur Simon cosmologie, anthropologie et embryologie », dans V. Boudon et B. Pouderon dir., Les PĂšres de l’Eglise face Ă  la science mĂ©dicale de leur temps, Paris, Beauchesne, p. 49-71 ; L’influence d’Aristote dans la doctrine de la procrĂ©ation des premiers PĂšres et ses implications thĂ©ologiques », Colloque L’embryon, CollĂšge de France, juin 2005 Ă  paraĂźtre. Sur la doctrine aristotĂ©licienne de la gĂ©nĂ©ration, voir Aristote, De generatone animalium, I, 19, 727a ; IV,1, 765b. 6 Voir Soranos, Gynaecia, I, 43 La conception est une rĂ©tention prolongĂ©e de la semence, ou d’un embryon, ou de plusieurs embryons, dans la matrice, pour une raison naturelle. [...] Dans les premiers temps, lorsque le produit est encore informe, la conception ne s’applique qu’à la semence... » ; et, avant lui, Aristote, Historia animalium, VII, 3, 583a Si le sperme reste sept jours [ dans le vagin], il y a manifestement conception. » 7 Voir Aristote, De generatone animalium, II, 4, 739 b ; Tertullien, De carne Christi, 19, 3-4 ; etc. 8 L’expression zĂŽopoion sperma apparaĂźt, entre autres, chez Cyrille d’Alexandrie, Fragmenta commentarii in Lucam PG 72, 912, au sein d’une mĂ©taphore mĂ©dicale. 9 Gn 1,18 crĂ©ation de l’homme ; renouvelĂ© en Gn 8,17 NoĂ© ; voire en Gn 17,6 Abraham. 10 Talmud de Babylone, Yemabot 63b, citĂ© par P. Brown, Le renoncement Ă  la chair virginitĂ©, cĂ©libat et continence dans le christianisme primitif trad. fr. Paris, 1995, p. 94. ParallĂšle dans Yemabot 35a, Ă©d. Epstein, p. 218 = Ă©d. Goldschimdt, p. 428. 11 Voir les textes citĂ©s ci-dessous, concernant la contraception fĂ©minine. 12 tB Yemabot 34b, Ă©d. Epstein, p. 215 = Ă©d. Goldschmidt, p. 426 ; rĂ©fĂ©rence fournie par Congourdeau au cours d’un Ă©change de correspondance ; son Ă©tude, Les avatars du dĂ©sir d’enfant », est destinĂ©e Ă  paraĂźtre dans les Actes du symposium de Dumbarton Oaks. 13 Philon, De specialibus legibus, 3, 36. 14 Flavius JosĂšphe, Contra Apionem, II, 234, 199. 15 ClĂ©ment, Paedagogus, II, 10, 95, 3 ; beau passage, qui unit la morale stoĂŻcienne Musonius Rufus, XII, p. 64, 2 aux prescriptions du judaĂŻsme. Voir M. Spanneut, Le stoĂŻcisme des PĂšres de l’Église, de ClĂ©ment de Rome Ă  ClĂ©ment d’Alexandrie, Paris, 1958 ; 19692, p. 260. 16 Voir IrĂ©nĂ©e, Adversus haereses, I, 24, Ă  propos de Saturnin et Basilide le mariage et l’enfantement proviennent de Satan » ; ClĂ©ment, 3 Stromata, 2, 12, 2 par consĂ©quent, ne voulant pas remplir un monde fait par ce CrĂ©ateur, ils veulent s’abstenir du mariage » ; Épiphane, Panarion, 43, 1, 5, Ă  propos des Lucianistes, qui rejettent le mariage parce qu’ils refusent les Ɠuvres du DĂ©miurge ; comparer avec ExĂ©gĂšse de l’ñme Nag Hammadi II, 6, 137, 7-8 la tromperie d’Aphrodite, celle qui est dans la gĂ©nĂ©ration de ce lieu » ; ou encore TĂ©moignage de vĂ©ritĂ© Nag Hammadi IX, 3, 30, 2-6. Cette tendance n’est pas Ă©trangĂšre au christianisme de la grande Église, du moins aux yeux de ses adversaires Vie de ThĂšcle, 16 = Dagron, p. 190­191 [Paul] enseigne je ne sais quelle doctrine nouvelle et Ă©trange dirigĂ©e contre l’humanitĂ© entiĂšre il rĂ©prouve le mariage, qui est, pourrait-on dire, le fondement, la racine et la source de notre nature... » citĂ© par Brown, Le renoncement Ă  la chair... . 17 Épiphane, Panarion, 26, 5, 2. 18 Galien, Du usu partium, XIV, 9, Kuhn t. 4, p. 183 le sperme est fait de pneuma, en quelque sorte Ă©cumeux ». 19 Augustin, Contra Faustum, 22, 30 ; parali. De moribus ecclesiae catholicae et moribus manichaeorum, II, 18, 65 N’est-ce pas vous [ les ManichĂ©ens qui, par la raison que les Ăąmes sont enchaĂźnĂ©es Ă  la chair, regardez la procrĂ©ation des enfants comme un crime plus grand que l’union mĂȘme des sexes ? N’est-ce pas vous qui recommandiez sans cesse d’observer, autant que possible, le temps pendant lequel la femme, aprĂšs la purification, devient plus apte Ă  la conception, et de vous abstenir alors de tout commerce avec elle, pour ne pas exposer une Ăąme Ă  s’unir Ă  la chair ? » 20 Formule de Bauerschmidt, art. »contraception », dans Fitzgerald dir., EncyclopĂ©die saint Augustin Ă©d. fr. sous la direction de Vannier, p. 347. 21 Augustin, De adulterinis conjugiis, II, 12. 22 Augustin, De nuptiis et concupiscentia, I, 15, 17. Le recours aux amulettes est connu de Pline, Naturalis historia, 29, 27, 85 utilisation de vers dessĂ©chĂ©s en guise d’amulettes prĂ©servatives. 23 Augustin, De bono conjugali, 13, 15 ; Ă  opposer Ă  5, 5, citĂ© infra rĂ©fĂ©rence n. 45. 24 Par ex. Contra Faustum, 22, 30, citĂ© supra rĂ©fĂ©rence n. 19. 25 Par ex. De moribus ecclesiae, II, 18, 65, citĂ© supra, n. 19. Voir Hippocrate, De mulierum affectibus, I, 38 ; Soranos, Gynaecia, I, 10, 36. 26 Par ex. De nuptiis et concupiscentia, I, 15, 17, citĂ© supra rĂ©fĂ©rence n. 22. Ces pharmaka sont mentionnĂ©s, entre autres, par Hippocrate, De natura mulieri, 93 ; De mulierum affectibus, I, 102 potions ; Aristote, Historia animalium, 7, 3, 583a et Pline, Naturalis historia, 24, 11, 18 huile de cĂšdre employĂ©e comme onguent spermicide, sur la verge ou dans le vagin. 27 Justin, 1 Apologia, 29, 1 Ou bien nos mariages n’avaient absolument pas d’autre fin que d’élever nos enfants, ou bien, si nous renoncions au mariage, nous observions une chastetĂ© parfaite » autrement dit, il ne peut y avoir de mariage, c’est-Ă -dire de communautĂ© impliquant des relations sexuelles, que s’il y a dĂ©sir d’enfant ; AthĂ©nagore, Legatio, 33, 2 et 6 De mĂȘme que le paysan, une fois qu’il a jetĂ© les graines en terre, attend la moisson sans plus semer, de mĂȘme pour nous la procrĂ©ation est la mesure du dĂ©sir. [...] Au commencement, Dieu a créé un seul homme et une seule femme, [...] une communautĂ© de la chair Ă  la chair dans l’unitĂ© en vue de la reproduction sexuĂ©e de l’espĂšce » ; ClĂ©ment, Paedagogus, II, 10, 102, 1 Il n’est permis d’émettre sa semence speirein Ă  celui qui a contractĂ© mariage, comme Ă  l’agriculteur, que lorsque c’est le bon moment pour recevoir la semence » ; Minucius FĂ©lix, Octavius, 31,5 Nous aimons rester fidĂšles au lien d’un seul mariage, le dĂ©sir de procrĂ©er ne nous fait connaĂźtre qu’une [seule] femme ou aucune » ; Augustin, Contra Faustum, 19, 26 La femme ne doit se marier que dans la pensĂ©e de devenir mĂšre... » ; De adulterinis conjugiis, 2, 12, 12 Mettre au monde des enfants est la raison premiĂšre naturelle et lĂ©gitime du mariage » ; Confessiones, II, 2, 3 Le flot bouillonnant de la jeunesse... [doit] rencontrer sa fin naturelle dans la procrĂ©ation des enfants. » 28 tB Shabbat, Ă©d. Epstein, p. 538. 29 tB Yemabot, 17a, Ă©d. Epstein, p. 92 = Ă©d. Goldschimdt, p. 366. 30 Philon, Hypothetica, 7, 7. 31 A. Rousselle, Porneia. De la maĂźtrise du corps Ă  la privation sensorielle IIe-IVe siĂšcles de l’ùre chrĂ©tienne, Paris, 1983, p. 156-165. 32 Voir Digeste, 48, 8, 4, 2 et 3 Qu’on ne fasse pas d’eunuques » dĂ©crets d’Hadrien. 33 Mt 19,12 Il y a des eunuques qui sont nĂ©s ainsi du sein de leur mĂšre, il y a des eunuques qui le sont devenus par l’action des hommes, et il y a des eunuques qui se sont eux-mĂȘmes rendus tels Ă  cause du Royaume des cieux. » 34 Voir Justin, 1 Apologia, 29, 2-3 ; EusĂšbe, Historia ecclesiastica, 6, 8, 1-3. 35 EusĂšbe, Historia eclesiastica, 6, 8, 3. 36 Basile d’Ancyre, De virginitate, frag. slavon citĂ© par Rousselle, Porneia, p. 159. 37 Yemabot 12b, Ă©d. Epstein, p. 62 = Ă©d. Goldschmidt, p. 351 autre rĂ©fĂ©rence fournie par Congourdeau ; parall. tB Nidda 45a, Ă©d. Epstein, p. 311. 38 tB Ketubot 37a, Ă©d. Steinsaltz, Ketoubot 2, Paris, 1995, p. 138 = Ă©d. Epstein, p. 202-203. 39 Minucius FĂ©lix, Octavius, 30, 2. 40 JĂ©rĂŽme, Epistulae, 22 Ad Eustochium, 13. 41 Jean Chrysostome, Homilia 24 in Epistulam ad Romanos, 4, s’en prenant aux usages contraceptifs des courtisanes. 42 Augustin, De moribus ecclesiae, II, 18, 65, citĂ© supra, n. 19. 43 Augustin, De nuptiis et concupiscentia, I, 15, 17, citĂ© supra rĂ©fĂ©rence n. 22. 44 Augustin, Confessiones, II, 2, 2. 45 Augustin, De bono conjugali, 5, 5 ; Ă  opposer Ă  13, 15. 46 CĂ©saire d’Arles, Sermones, 1, 12, CC 103, 9, citĂ© par Noonan, Contraception et mariage. 47 Voir Soranos, Gynaecia, I, 20, 63 Certains conseillent aussi de boire une fois par mois la grosseur d’un pois chiche de baume de CyrĂšne dans deux cyathes d’eau pour dĂ©clencher les rĂšgles [...]. Ces prĂ©parations ne sont pas seulement contra­ceptives, elles font aussi avorter une conception dĂ©jĂ  en train. » 48 Sur la morale sexuelle des premiers chrĂ©tiens, on consultera Rousselle, Porneia ; Brown, Le renoncement Ă  la chair... 49 Tertullien, De anima, 27, 4. 50 Sur la question, voir Brown, Le renoncement Ă  la chair..., passim. 51 Sur la question de l’animation de l’embryon, on consultera le dossier de textes rĂ©unis par Congourdeau, L’enfant Ă  naĂźtre, Paris, 2000 Ă  qui nous empruntons souvent les traductions de J. Martin et Guillaumin pour Tertullien et GrĂ©goire ; l’ouvrage trĂšs partisan de Ph. Caspar, L’embryon au IIe siĂšcle, Paris, 2002 ; et les articles d’E. Lepicard, L’embryon dans la Bible et la tradition rabbinique », Éthique. La vie en question, 3 hiver 1992, p. 37-47 ; 4 printemps 1992, p. 58-80 ; A. Cohen, Le Talmud trad. fr., Paris, 1912, p. 123-125 ; enfin les Actes du Colloque sur L’embryon, organisĂ© par L. Brisson Ă  Paris, en juillet 2005 Ă  paraĂźtre. 52 F. Dölger, Das Lebensrecht des ungeborenen Kindes und die Fruchtabstreibung in der Bewertung der heidnishen und christlichen Antike », Antike und Christentum, 4 1932, p. 1-61, ici p. 28-32 ’Ein anonymer christlicher Platoniker des zweites Jahrhunderts ĂŒber Beseelung des Embryo’. L’idĂ©e d’un bon gĂ©nie » prĂ©sent au moment de la conception pourrait ĂȘtre d’origine pythagoricienne ; les pythagoriciens pensaient en effet que les Ăąmes Ă©taient des dĂ©mons » qui s’introduisaient dans les semences ou dans le corps de l’embryon au moment de l’union sexuelle - l’embryon devant ainsi ĂȘtre considĂ©rĂ© comme animĂ© dĂšs la conception voir A. Rousselle, Les thĂ©ories de l’embryon chez les auteurs mĂ©dicaux antiques et chez les premiers auteurs chrĂ©tiens », Bulletin d’étude du Centre de l’histoire de la mĂ©decine, n° 34 tirĂ© Ă  part fourni par l’auteur. 53 Par exemple dans la croyance aux anges chargĂ©s de la conception ; voir Midrash ha-Gadol du Pentateuque, sur Lv 12,2 l’ange chargĂ© de la grossesse prĂ©lĂšve une goutte de semence... » ; Apocalypse de Pierre, 8,7 [ces damnĂ©s] ont maudit l’ange qui nous avait formĂ©s... », et peut-ĂȘtre mĂȘme Tertullien, De anima, 37, 2 les anges chargĂ©s de la croissance des fƓtus. Les paĂŻens, toutefois, connaissaient aussi des divinitĂ©s protectrices de la croissance de l’embryon Tertullien, De anima, 37, 1 la superstition romaine a imaginĂ© une dĂ©esse Alemona, dont la mission est de nourrir le fƓtus dans l’utĂ©rus, puis une Nona, puis une Decima [leurs noms Ă©tant empruntĂ©s aux mois les plus difficiles Ă  franchir], puis une Portula pour gouverner l’accouchement, puis une Lucina, pour produire l’enfant Ă  la lumiĂšre... ». Influence juive encore pour la doctrine de la prĂ©existence des Ăąmes, que connaĂźt la littĂ©rature sapientiale j’avais reçu en partage une Ăąme bonne, ou plutĂŽt, Ă©tant bon, j’étais venu dans un corps sans souillure » Sg 8,19-20 ; tout comme le Talmud Le Talmud enseigne la prĂ©existence des Ăąmes. ’Dans le septiĂšme ciel, araboth, sont placĂ©s les esprits et les Ăąmes Ă  crĂ©er Khag. 12b, c’est-Ă -dire non encore nĂ©es, qui seront unies Ă  des corps.’ » Cohen, Le Talmud, p. 124. 54 ClĂ©ment d’Alexandrie, Eclogae propheticae, 50. 55 Tertullien, De anima, 25, 9 Platon montre en effet que l’ñme dĂ©rive de la semence... » sans doute dans les Lois VI, 775, abusivement interprĂ©tĂ© ; 27, 6 Dans le bouillonnement mĂȘme de ce dernier stade de la voluptĂ© [...], ne sentons-nous pas quelque chose sortir de notre Ăąme aussi ? [...] Ce sera la semence de l’ñme [...], tout comme cette humeur reste la semence du corps » ; 27, 4, 8 Nous proclamons une semence en deux espĂšces, corporelle et animale [...] ; introduites ensemble dans leur terrain et leur champ [ la matrice], elles produisent ensemble de deux substances un homme. » 56 Tertullien, De anima, 27, 9. 57 Tertullien, Apologeticum, 9. 8. 58 Tertullien, De anima, 37, 2. 59 GrĂ©goire de Nysse, De opificio hominis, 29, 3, PG 44, 236 B. 60 Ibid., 29, 3, PG 44, 236 D. 61 Ibid., 29, 3, PG 44, 237 A. 62 GrĂ©goire de Nysse, De opificio hominis, 29, 3 La semence humaine doit ĂȘtre conçue comme possĂ©dant dĂšs l’origine premiĂšre du composĂ© humain la puissance de sa nature dissĂ©minĂ©e en elle. Mais cette puissance se dĂ©veloppe et se manifeste par une sorte d’enchaĂźnement naturel qui l’a conduit vers son achĂšvement [...]. Le corps passe d’une trĂšs petite taille Ă  l’état achevĂ©. De la mĂȘme façon, la progression de l’activitĂ© de l’ñme correspond Ă  la croissance du corps. Car la seule chose apparente, dans la premiĂšre constitution, comme dans une racine cachĂ©e en terre, c’est sa force de nutrition et de croissance. [...] Ensuite, comme la plante sort Ă  la lumiĂšre et produit un germe au soleil, fleurissent les facultĂ©s sensitives. Enfin, Ă  la maturitĂ©, lorsque la croissance est parvenue Ă  la taille convenable, commence Ă  briller, comme un fruit, la facultĂ© de raisonner ; elle ne se manifeste pas tout entiĂšre d’un seul coup, mais sa croissance accompagne le perfectionnement de son instrument. » 63 AthĂ©nagore, De resurrectione, 17, de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence papier Bernard Pouderon, Tu ne tueras pas l’enfant dans le ventre », Revue des sciences religieuses, 81/2 2007, 229-248. RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique Bernard Pouderon, Tu ne tueras pas l’enfant dans le ventre », Revue des sciences religieuses [En ligne], 81/2 2007, mis en ligne le 01 septembre 2012, consultĂ© le 30 aoĂ»t 2022. URL ; DOI de page

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